DANTE ALIGHIERI naquit à Florence, en 1265, d’une famille ancienne et illustrée. Ayant perdu son père de bonne heure, il passa à l’école de Brunetto Latini, un des plus savants hommes du temps; mais il s’arracha bientôt aux douceurs de l’étude, pour prendre part aux événements de son siècle.
L’Italie était alors tout en confusion; ses plus grandes villes s’étaient érigées en Républiques, tandis que les autres suivaient la fortune de quelques petits tyrans. Mais deux factions désolaient surtout ce beau pays: l’une des Gibelins, attachée aux empereurs, et l’autre des Guelfes, qui soutenait les prétentions des papes. Il y avait plus de soixante ans que les Césars allemands n’avaient mis le pied en Italie, quand Dante entra dans les affaires; et cette absence avait prodigieusement affaibli leur parti. Les papes avaient toujours eu l’adresse de leur susciter des embarras dans l’empire, et de leur opposer les rois de France: de sorte que les empereurs, ne venant à Rome que pour punir un pontife, ou imposer des tributs aux villes coupables, revolaient aussitôt en Allemagne pour apaiser les troubles; et l’Italie leur échappait. Leur malheur fut, dans tous les temps, de ne pas demeurer à Rome: elle serait devenue la capitale de leurs États, et les papes auraient été soumis sous l’oeil du maître.